FANTÔMES Z' ET AUTRES ROMANS...

FANTÔMES Z' ET AUTRES ROMANS...

Un second extrait de "Kay..."

La cerise sur le gâteau tient au fait qu'il va nous falloir parler de fantômes… C'est là que cela va se compliquer sérieusement, je ne suis pas sûr du tout que la police soit prête à entendre notre histoire! Je ne peux être coupable et directement impliqué, compte tenu de mon âge au moment des évènements, mais je peux très bien tenter de protéger quelqu'un… La seule chose qui infirme cette théorie, c'est que c'est moi qui ait, dirons nous, réouvert l'affaire. Rien ne me dit, par contre, que Tetrault ne m'ait pas manipulé pour se couvrir, car sitôt après notre rencontre, je ramenais le projecteur de l'actualité en plein sur une disparition dont il avait été suspecté… J'ai peut être après tout sous-estimé l'individu, surtout s'il est aux abois !

Pas besoin de me faire un dessin, je suis, et Amélie aussi par ma faute, dans les problèmes jusqu'au cou ! Pour l'heure, j'ignore totalement ce que cela peut me valoir… ce que je sais, en revanche, c'est que je ne recevrai certainement pas de roses, mais les épines, peut être…?

Ils ont dû se tromper, nos deux flics, Lallois ne nous attend pas… c'est nous qui l'attendons, et un très long moment, en plus ! La gorge serrée, nous n'osons pas converser, je vois, à la tête qu'elle fait, que la douce Amélie en a ras le pompon, de cette histoire qui commence à lui coûter chère! Elle est au bord de lâcher la rampe et de m'envoyer promener comme elle l'a fait après la mort de mon frère. Je ne saurais lui en vouloir, même si cela me fait un peu peur…

Il est plus de 18 heures quand notre inspecteur préféré montre, enfin, le bout de son nez. Le moins qu'on en puisse dire est qu'il a l'air de très mauvais humeur, ça n'augure pas bien pour la suite des opérations. Il traverse à grands pas le hall où nous attendons et, sans s'arrêter, nous fait signe de le suivre d'un doigt impérieux. Il s'efface, nous maintenant la porte ouverte. J'exagère quelque peu mes difficultés de déplacement, espérant intérieurement que, peut être, il me prendra un peu en pitié… Des clous! Il a un regard glacial. Il nous indique, toujours en silence, deux mauvaises chaises. Il enlève son manteau et le dépose soigneusement dans le placard puis contourne son bureau et s'installe posément dans son fauteuil. Les coudes appuyés sur le bord de la table de travail, les poings sous le menton, il nous regarde tour à tour, d'un air pensif. Je suis liquéfié et muet comme une carpe. J'attends la chute du couperet…qu'il laisse tomber, d'un air blasé.

- Entrave à la justice, dissimulation de preuves…(il compte sur ses doigts) Je pourrais sûrement trouver autre chose…et comptez sur moi, je n'en ai pas fini avec vous !

- …

- Figurez vous que je savais, intuition de flic, Mr. Lay, que vous me dissimuliez quelque chose… j'ai réfléchi très souvent à votre accident depuis que le dossier est ouvert… quoique banal accident, ayant tout de même tué deux personnes, soit dit en passant… Je n'ai pas fermé le dossier… Je ne vous trouvais pas… Pardon, je ne vous trouve pas franc du collier…

Il débite son laïus d'une voix très basse, presque un murmure…

- Ce qui m'a intrigué, c'est votre histoire de jeune femme vous accompagnant… J'ai renvoyé une équipe sur les lieux du crash, rien ! J'ai fait passer la Buick de Mr Hamiot au peigne fin…jusqu'aux empreintes, figurez vous ! toujours rien! J'ai manqué un tant soit peu de jugement en vous autorisant à aller voir l'épave avant… Je crois que vous en avez profité pour faire disparaître quelque chose…

Hé là! Ça se corse! De quoi me soupçonne t-il, au juste?

- J'ai même questionné le patron du bar que vous avez quitté vers 23h30, heureusement pour vous, il semblerait que vous n'étiez que trois dans le stationnement quand il a quitté les lieux, Mr Hamiot aurait même pissé dans son cendrier, chose dont votre ami était, paraît-il coutumier. Maintenant, j'espère que vous avez une explication solide à tout ceci. Je suis impatient d'entendre ce qui vous a amené chez les Lemmon avec dans les mains, un objet ayant appartenu à leur fille disparue depuis 20 ans…

Je regarde Amélie, je peux voir le sempiternel « je te l'avais bien dit » inscrit sur son front.

- Je vous préviens, vous ne me croirez pas… mais j'ai une preuve.

Çà le fait bien rigoler, qui ne peut s'empêcher de sourire d'un air entendu.

- C'est ce que tous les coupables disent lorsqu'ils ont des alibis farfelus, allez y, j'ai l'habitude.

Il s'installe confortablement dans le fond de son fauteuil, un gros « mensonge » clignotant flotte au dessus de sa tête, je suis donc passablement déstabilisé et je bégaie. Je passe les 45 minutes suivantes à débiter mon histoire à dormir debout. À aucun moment, il n'a manifesté le moindre désir de m'interrompre, n'a posé aucune question, il se contente de me regarder avec un demi sourire. Le panneau « mensonge » est d'un beau rouge vif et ne clignote même plus! Pas besoin d'être devin pour comprendre que mon cas s'aggrave…

- Eh bien entendu, le film que vous avez pris est sur votre ordinateur… mais avec les évènements qui se sont, selon vous, produit la nuit dernière, je suis prêt à gager ma retraite qu'il sera comme par magie, effacé de votre disque dur… Je ne sais pas où vous voulez en venir ni pourquoi, mais vous vous rendez compte, j'espère, que je ne mords pas dans ce genre de balivernes?



18/11/2009
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